Blog

Grandes entrevues - Sophie Gagnon, présidente Groupe Philia

Rédigé par Sophie Gagnon | 11 juillet 2023

Si nous croyons que l’éthique se résume à suivre les règles, il est difficile de voir comment elle peut influencer favorablement la culture d’une entreprise.

L’éthique, c’est plus que suivre des règles! L’éthique, c’est mettre de la cohérence entre la mission, la vision, les décisions et les actions, et ce, de manière concrète.  Développer l’éthique donne des outils aux gestionnaires pour naviguer dans des environnements complexes, changeants…

L’éthique nous aide à prendre des décisions difficiles pour être en mesure de les expliquer et de les assumer par la suite.

 

Qu’est-ce qui m’a amenée à l’éthique?

Entre 2013 et 2017, j’occupais le poste de syndique adjointe à l’Ordre des ingénieurs du Québec. Petit rappel, au cas où votre mémoire vous jouerait des tours, nous sommes à ce moment-là en plein cœur de la commission Charbonneau.

J’ai enquêté sur des événements qui ont mené à la mise en place de cette commission. Dans le cadre de ces enquêtes, j’ai analysé de nombreux événements et documents ainsi que questionné plusieurs ingénieurs impliqués, de près ou de loin, dans ces histoires qui ont marqué la profession de manière très peu glorieuse.

Lors de ces travaux, je me demandais souvent : comment ces professionnels ont-ils pu se retrouver dans de telles situations? Qu’est-ce qui a fait défaut, mais surtout, comment faire pour que cela ne se reproduise pas ?

À ce moment-là, l’éthique et la déontologie étaient très en vogue. Est-ce qu’il s’agissait de la même chose? Quelle en était la différence? Ces questionnements m’ont conduite au microprogramme en éthique appliquée de l’Université de Sherbrooke (microgramme qui deviendra D.E.S.S. et finalement maîtrise). Au fil des formations, des lectures et des discussions, j’ai constaté que ce qui avait fait défaut aux ingénieurs était l’éthique. Le fait de s’être limités à leurs interprétations des règles, plutôt que d’avoir tenté de comprendre ce qu’il y avait derrière ces règles et les raisons de leurs mises en place, les évènements auraient sans doute été différents. Si les ingénieurs en cause avaient pris le temps de réfléchir aux actions qu’ils étaient en train de poser, s’ils avaient pensé aux conséquences que ces stratagèmes auraient sur leur vie professionnelle, personnelle, sur leur entreprise, sur la profession, sur l’économie… ils auraient fort probablement agi différemment.

Évidemment, l’éthique ne règle pas tout. Des personnes mal intentionnées, ayant peu d’intégrité, seront toujours présentes dans les différentes sphères d’affaires; comme dans le dicton : le risque zéro n’existe pas. Cependant, mon expérience me permet d’affirmer que la grande majorité des personnes interrogées n’avaient tout simplement pas pris le temps de réfléchir. Elles ont plutôt, pour toutes sortes de raisons, fermé les yeux comme tout le monde.

Mes travaux m’ont permis de constater que l’éthique apporte une vision différente des problématiques rencontrées. Elle donne des outils pour réaliser une analyse complète des situations, pour prendre des décisions difficiles en évaluant et en assumant les conséquences. Une culture qui encourage l’éthique permet de mettre ses valeurs en actions, de favoriser l’adhésion à ses valeurs et de donner confiance aux parties prenantes.

 

Concrètement, comment intégrer l’éthique dans les organisations?

Développer une culture organisationnelle éthique permet d’intégrer les valeurs dans les décisions et les actions de l’organisation.

Qu’est-ce qui favorise le développement de cette culture éthique?

  • Un engagement et une exemplarité des dirigeants ;
  • Des politiques et des valeurs claires, ne craignant pas de traiter de sujets délicats et ne se limitant pas aux actions à poser ou à ne pas poser ;
  • Un code de conduite à visée éthique qui aide les employés à trouver des solutions dans des situations complexes ;
  • De la cohérence entre ce qui est écrit, ce qui est fait, et ce, dans tous les secteurs et entre les secteurs ;
  • De l’espace pour se questionner, remettre en question, réfléchir ;
  • Des formations qui offrent un apprentissage concret ;
  • Des processus d’amélioration continue intégrant le droit à l’erreur ;
  • Des décisions difficiles, réfléchies, argumentées et assumées ;…